
Conçue pour des échanges d'informations entre des personnes venant d’horizons divers, voire éloignés, parfois même opposés, la plateforme Résorption-bidonvilles bouscule les habitudes. Créée et administrée par l’État pour la mise en œuvre d’une politique publique, elle est en même temps un outil du quotidien, développé pour répondre aux besoins propres des acteurs de terrain. Originale et innovante, la plateforme peut susciter des interrogations et même des inquiétudes. C’est pour y répondre que sont ici passées au crible quelques idées reçues, lues et entendues, à propos de la plateforme.
1. "C’est la plateforme de la Dihal"
En partie, mais pas que…
La plateforme a certes été créée par la Dihal qui en reste l'administrateur national, le responsable du développement et le garant de l'intégrité, mais elle est conçue pour tous les utilisateurs et utilisatrices, qu'ils ou qu'elles soient dans les services de l’État, les collectivités territoriales, les associations, ou même des citoyens concernés ou des habitants des bidonvilles. C'est la plateforme que chacune et chacun utilise pour ses usages et ses besoins propres.
2. "C’est la plateforme des campements roms"
Sûrement pas !
Il faut d'abord rappeler qu'en France, tout comptage concernant des personnes sur une base ethnique ou culturelle est interdit. Ensuite, si la plateforme a été développée dans le cadre de la politique des résorptions des bidonvilles où vivent des citoyens européens intracommunautaires (en référence à l'instruction du gouvernement du 25 janvier 2018), elle peut être utilisée pour d'autres publics, sans exclusive.
3. "La police se branche sur la plateforme pour accélérer les évacuations"
Non !
En aucun cas la plateforme n'est un facteur de multiplication des évacuations. Elle est développée dans un objectif de résorption, sans réinstallation, en proposant aux habitants des solutions de relogement adaptées à leur situation. Tout nouvel utilisateur signe une charte qui rappelle cet objectif de résorption. Y compris les services de police qui y ont accès. Et si, avant une évacuation prévue, ceux-ci vont y chercher des informations, c'est pour mieux la préparer de concert avec l'ensemble des parties prenantes sur les sites.
4. "Elle contient des données sensibles qui peuvent être mal utilisées"
Non, et il existe des garde-fous
La plateforme ne contient pas d'informations nominatives sur les habitants des bidonvilles. En outre, la Dihal et les administrateurs locaux assurent une veille des messages postés dans les journaux de site et jouent un rôle de modérateur, en cas de messages inappropriés (par exemple à caractère raciste ou personnel). Concernant la sécurité des données, la plateforme a fait l'objet d'une mise en conformité RGPD. L'équipe technique a mis en place des process d'homologation sécurité.
5. "C’est un service de géolocalisation des campements"
En partie, mais c’est bien plus !
La plateforme offre une cartographie, mais elle apporte beaucoup d'autres informations sur les sites : conditions de vie, nombre de personnes, actions et activités sur les sites... Elle propose également un espace d'entraide de type forum pour tous les utilisateurs de la plateforme, un annuaire de contacts et un espace de visualisation des données qui permet d'analyser en profondeur la situation d'un territoire et son évolution au fil du temps.
6. "A quoi bon l’utiliser ? La renseigner ne sert à rien"
Faux !
Certains utilisateurs ont parfois le sentiment que les informations qu'ils communiquent sur la plateforme ne seront pas lues. Il faut d'abord rappeler que partager une information sur les sites et les conditions de vie n'est jamais inutile pour une meilleure coordination des acteurs. Ensuite, l'équipe technique de la plateforme a mis en place un système d'information directe par messagerie électronique qui permet à chaque utilisateur concerné par une situation de recevoir toute nouvelle information l'intéressant. Enfin, la Dihal a mis en place une veille continue des informations critiques et peut intervenir directement auprès des responsables concernés quand c'est nécessaire.
7. "Il y a une manque de transparence sur les personnes qui ont un accès"
Faux !
L'annuaire de la plateforme recensant tous les utilisateurs au niveau national est ouvert à chacun d'entre eux en toute transparence. Cet annuaire a justement été conçu pour favoriser la mise en réseau. Les accès à la plateforme sont donnés par les administrateurs locaux ou nationaux, en fonction du territoire de référence des acteurs. On y retrouve des personnes travaillant dans les services centraux et déconcentrés de l’État, dans tous les champs concernés par la résorption des bidonvilles (logement, emploi, école, santé, prévention incendie, protection de l'enfance, sécurité...), dans les services de collectivités territoriales (CCAS, eau, assainissement, déchets, protection maternelle et infantile...), dans des associations professionnelles ou bénévoles intervenant auprès des habitants...
8. "Une association risque de perdre ses financements si elle ne l'utilise pas"
Non !
Les associations jouent un rôle essentiel en matière de résorption des bidonvilles. L'utilisation par elles de la plateforme est donc encouragée. D'autant plus lorsqu'il s'agit d'associations qui reçoivent des financements publics de l’État et que leur action doit à ce titre faire l'objet d'un suivi que permet la plateforme. Pour sensibiliser à cette utilisation, la Dihal fait signer aux associations recevant des crédits dédiés à la résorption des bidonvilles une charte pour une meilleure diffusion de la plateforme dans leurs pratiques au sein de leurs équipes. Mais il n'y a pas de sanction financière en cas de non-utilisation.
Vous avez d'autres questions ? Écrivez-nous à : contact@resorption-bidonvilles.beta.gouv.fr
Pour aller plus loin :
- la charte d'engagement concernant l'utilisation de Résorption-bidonvilles
- les conditions générales d'utilisation de la plateforme
