La plateforme Résorption-bidonvilles - start-up d'État pilotée par la Dihal - a fêté mercredi 15 novembre 2023, ses 5 ans en présence de 80 acteurs de la résorption engagés sur le terrain partout en France au sein d’associations, de services déconcentrés de l’État (DREETS, DDETS), de collectivités territoriales et d’agences nationales.
Cette journée, placée sous le signe de l’innovation publique, s’est déroulée au Lieu de la Transformation Publique. Elle a permis aux participants de témoigner, partager et croiser les regards sur leurs pratiques, leur quotidien, pour mieux coordonner les actions, être plus efficaces et efficients.
En ouverture, Jérôme d'Harcourt - adjoint du Délégué interministériel pour l’hébergement et l’accès au logement (Dihal), Sylvain MATHIEU - a tenu à rappeler les spécificités de la plateforme Résorption-bidonvilles.
L'objet de cette politique est un défi en soi - permettre l’insertion sociale de publics qui en sont le plus éloignés, parfois depuis des générations, en demandant aux acteurs publics d’impulser des dynamiques d’action de moyen et long terme qu’il leur est difficile de mettre en œuvre ou qui sont parfois mal comprises. Dès l’origine, la plateforme a été conçue, non pas seulement, comme un système d’information (qui serait notamment réservé à l’État) mais comme un outil de coordination de tous les acteurs impliqués dans cette politique publique et à tous les niveaux, devant permettre d’accélérer la résorption. Cela s’explique par la nature profondément partenariale de l’approche transversale et multisectorielle que préconise l’instruction de 2018. Aujourd’hui, la plateforme réunit plus de 1 000 utilisateurs actifs contre une centaine en 2019.
Autour d’ateliers thématiques avec comme point de départ l’utilisation de la plateforme, les participants ont mené une réflexion plus large sur la politique de résorption : Comment améliorer le quotidien d'un travailleur social ? Comment mieux suivre et évaluer l'action publique ? Comment favoriser davantage la coordination entre les acteurs de tous horizons ? Comment renforcer le pilotage de la politique de résorption ?
La restitution des ateliers à travers le regard de quatre rapporteurs : Jean-Paul Bachelot (conseiller éducation à la Dihal), Orane Lamas (présidente de CNDH Romeurope), Vincent Boileau (conseiller municipal à la mairie d’Orvault) et Suzanne de Bellescize (directrice générale d’ACINA) a permis d’aborder plusieurs points : les difficultés rencontrées par les travailleurs sociaux dans l’exercice de leur métier, la question des indicateurs utilisés sur la plateforme et leur pertinence (nombre d’enfants scolarisés, nombre de personnes accompagnées vers la santé par exemple), la comparaison des schémas de résorption dans différents territoires ou encore le pilotage au niveau national comme territorial.
La diversité des profils d’acteurs présents aux ateliers a été soulignée par les participants. Ces échanges ont débouché sur des propositions de solution :
La sensibilisation des partenaires du droit commun à la politique de résorption
La sensibilisation des acteurs politiques sur l’inefficacité des évacuations lorsqu’elles ne sont pas intégrées dans une feuille de route globale de résorption (elles se soldent par des réinstallations) en insistant sur l’importance de l’insertion des populations concernées dans une optique de maintien de l’ordre public
L’implication de davantage d’acteurs dans le schéma de la résorption (parlementaires, CCAS…).
Puis, Manuel Demougeot, directeur de cabinet du Dihal, directeur de la mission "Résorption bidonvilles" et Laure Dubuc, cheffe de projet et co-intrapreneure de la start-up ont présenté le bilan des actions de résorption 2022 (en ligne) et l’évolution de la plateforme.
Pour Manuel Demougeot, "Relever le défi de la résorption passe par l'innovation ! C’est tout l’esprit de la start-up. Elle propose un mode agile, une souplesse d’organisation, un suivi des métriques. L’outil ne vit pas seul, il faut le faire connaître auprès des acteurs et les accompagner dans sa prise en main et surtout dans le changement de leurs pratiques de travail".
Ensuite se sont tenues deux tables rondes : "La plateforme Résorption-bidonvilles a-t-elle tenu ses promesses ? : le point de vue des utilisateurs" et "Solutions numériques et politiques publiques de lutte contre le sans- abrisme et l’exclusion sociale" (GIP Plateforme de l’inclusion, SI-SIAO, programme EMILE).
Au cours de la première table-ronde, les participants ont souligné l’utilité de la plateforme pour les actions de terrain et le pilotage territorial (gain de temps pour des transmissions d’informations en réunion ou aux interlocuteurs). Ils ont rappelé la nécessaire mise à jour régulière des informations par les acteurs. La seconde table-ronde a permis d’aborder le fonctionnement et l’évolution des start-ups d’Etat et d’élargir la discussion aux questions d’hébergement et d’emploi.
Cette journée aura été l’occasion de rappeler que faire le bilan de la résorption des bidonvilles impliquait de faire le bilan de la plateforme. Le partage d’informations et les échanges de points de vue ont permis de faire germer des pistes d’amélioration autour de la coordination entre les différents acteurs, autour de l’évolution de la plateforme et du pilotage de cette politique, pour in fine accroître son efficacité.
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