Entretien avec Franck Delamarre, chef du service Préparation Opérationnelle au sein du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) de la Loire-Atlantique, qui intègre pleinement la problématique des bidonvilles dans ses interventions sur le terrain et ses actions de prévention, en s’appuyant notamment sur la plateforme Résorption-bidonvilles.
Les pompiers ont été mobilisés à la suite d’un incendie ayant éclaté dans un bidonville de Sarcelles au cours de la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 janvier 2023. (©Illustration/Sdis 95)
Pourquoi vous être intéressés aux bidonvilles dans l’exercice de vos missions et quelles actions y menez-vous ?
Nous nous sommes intéressés au sujet car nous intervenons régulièrement sur les bidonvilles. À partir d’une extraction des données depuis notre outil de suivi, nous avons comptabilisé 103 interventions en un an, ce qui est significatif pour nous. Un tiers des interventions concerne des incendies ou des cas de fumée suspecte. Les autres interventions concernent des accidents, maladies graves ou malaises.
En plus des interventions directes sur site, nous avons lancé un travail de prévention des risques. À partir d’un travail conjoint avec la Préfecture et les acteurs de terrain, nous avons pu identifier deux risques majeurs sur bidonville : les risques d’incendie (particulièrement les feux de végétation) et les risques électriques, souvent liés à des branchements sauvages.
Comment utilisez-vous la plateforme Résorption-bidonvilles dans l’exercice de vos missions ?
Le nombre de nos interventions en bidonville étant important, nous avons pris contact auprès de Mme Sophia Raji, chargée de mission sur le sujet bidonvilles à la préfecture afin d’affiner les actions possibles et de demander un accès à la plateforme numérique Résorption-bidonvilles. Nous utilisons la plateforme pour optimiser nos interventions opérationnelles, principalement de sur 3 axes :
Pour mettre à jour la localisation des sites dans notre système d’information. Grâce à l’accès à la plateforme, le service en charge du Système d'information géographique (SIG) du SDIS reçoit des mails lors de l’ouverture ou la fermeture d’un site. Il met à jour de suite les coordonnées GPS des bidonvilles sur notre système de gestion d’alerte ARTEMIS. L’enjeu est de trouver plus rapidement le site en cas d’incident, de ne pas perdre de temps. Les bidonvilles sont toujours dans des lieux sans adresse donc les coordonnées GPS précis du lieu sont très importantes.
Pour vérifier l’accessibilité des sites afin de faciliter l’entrée des camions. Encore une fois, connaître la localisation des sites, particulièrement les gros sites ou ceux situés à proximité de végétation, nous permet de vérifier les accès. Si on identifie des difficultés, des reconnaissances complémentaires peuvent éventuellement être effectuées. Ces actions sur le terrain ne peuvent se faire que via notre organisation avec les services opérations des groupements territoriaux, et plus particulièrement celui du secteur de NANTES (GT SUD).
Pour être vigilant si une situation à risque s’avère confirmée. Par exemple, un message a été publié sur le journal du site en octobre d’une commune pour signaler une inondation partielle sur un site avec un risque d’immersion des caravanes si les intempéries persistaient. J’ai transmis l’information au centre opérationnel départemental d’incendie et de secours qui reçoit tous les appels pour qu’ils restent en alerte.
Quelles sont les prochaines actions que vous envisagez en lien avec les bidonvilles ?
Suite à une réunion récente à la Préfecture, en présence également de l’association Trajectoires qui coordonne notamment les actions des acteurs de terrain, nous avons évoqué plusieurs d’actions pour mieux sécuriser les sites.
La principale serait la réalisation des flyers illustrés avec le service communication du SDIS et traduits en roumain par la Préfecture pour sensibiliser les habitants à la gestion du lieu et aux facteurs de risque. Ça serait des recommandations de sécurité sur l’organisation du site : faire attention aux branchements sauvages, préserver un accès dégagé aux secours, espacer les habitations pour réduire les risques de diffusion de feu… Ces flyers seraient transmis par les associations de terrain. Pour les sites importants, nous irons peut-être sur les sites avec les associations, l’occasion pour nous de continuer à mieux comprendre les facteurs de risques.
Si le temps le permet, nous aimerions réfléchir à des actions de service citoyenneté sur site, comme ce que l’on peut faire en milieu scolaire principalement, comme du secourisme.
Nous allons évidemment continuer à travailler avec la Préfecture et utiliser la plateforme. On encourage vraiment tous les acteurs de terrain à placer le mieux possible l’épingle sur la carte de la plateforme qui détermine les coordonnées GPS, cette donnée est précieuse dans l’urgence.
Pour en savoir plus sur les méthodes pour prévenir les incendies : consultez la fiche repère « Prévenir les incendies en bidonvilles » réalisée en mai 2022 en lien avec le SDIS de la Seine-et-Marne.
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