Visite de terrain dans le Val-de-Marne : rencontres avec les acteurs de terrain

Pour la deuxième année consécutive, la mission Résorption des bindonvilles de la Dihal a accueilli un stagiaire de l'Institut national du service public dans le cadre de la formation des administrateurs de l'Etat. Après Amélie Le Nest en 2022, c'est Matthieu Chapelon qui a apporté son appui aux travaux de la mission de résorption des bidonvilles de la DIHAL. Il livre ici son regard sur des bidonvilles qu'il a visité à Ivry-sur-Seine, Villejuif et Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne.

Je ne connaissais rien aux bidonvilles. Comme trop de personnes, je pensais que c'était un phénomène ancien. J'ai fait mes études à l'Université de Nanterre et j'avais en tête ces images du bidonville qui faisait place avant que la faculté ne soit construite. C'était donc pour moi un phénomène des années 60 qui, depuis, avait été résorbé. Pour preuve, l'Université a été construite, les habitants avaient dû être relogés...

La mission de résorption des bidonvilles a mis en place une plateforme de suivi des bidonvilles sur toute la France. C'est grâce à cet outil que j'ai pu prendre conscience du caractère national de ces campements. De leur implantation précise. Du nombre de personnes concernées.

On m'a, au cours de mon stage, proposé de visiter trois bidonvilles au sein du Val-de-Marne. J'ai tout de suite accepté de me rendre sur place pour voir ce que j'avais perçu de façon très abstraite dans des textes et des cartes.

Je me suis rendu à Villejuif pour visiter un campement situé dans un bâtiment appartenant à la ville. J'ai été frappé par sa visite, l'organisation intérieure des familles, le travail réalisé par les associations pour suivre les familles, les connaître et leur permettre de disposer du minimum et notamment un accès à l'eau. Mais également de la propreté et la rationalisation de l'espace intérieur. La coordination du correspondant de la DRIHL permet de suivre l'ensemble des intervenants du site et améliorer considérablement les conditions de vie. Et même si les conditions sont difficiles (fenêtres cassées, un unique toilette extérieur, etc.), la situation s'améliore et le travail d'un plombier (en cours au moment de la visite) devrait permettre prochainement aux familles de faciliter l'accès à l'eau.

Nous nous sommes ensuite rendus sur deux campements à ciel ouvert, à Villejuif et Vitry-sur-Seine. Le premier est un ensemble de baraques bien disposées dans une zone industrielle. On perçoit en arrivant les conséquences de la pluie qui est tombée les jours précédents. Un espace est dédié à l'eau (lavabo, toilettes et douches). Il est ancien mais fonctionnel. L'encombrement est important et les familles nombreuses. Une femme rencontrée montre que le travail de l'ensemble des acteurs permet de vraies avancées : travail trouvé pour son mari, perspectives en cours pour elle, un logement temporaire pour l'ensemble de la famille, la scolarisation des enfants, etc. Petit à petit, la famille améliore sa situation.

Enfin, nous nous dirigeons vers un autre campement. L'entrée est constituée d'un stockage de ferraille qui doit être la source de revenus de personnes sur le bidonville. Ils ont organisé eux-mêmes un espace d'eau qui sera prochainement amélioré grâce au travail des associations. Il n'est pas facile d'acheminer l'eau et assurer son évacuation dans ces espaces précaires.

Cette visite a été permise grâce à notre correspondant au sein de l'Unité départementale du 94 de la DRIHL (Kaiss Zahoum) que je remercie. Il pilote la stratégie de résorption des bidonvilles au sein de ce département. La démarche contractuelle en cours, avec les représentants de l'Etat, des collectivités locales, des associations et mêmes des habitants, montre tout son intérêt dans la visite que l'on a faite. La résorption des bidonvilles nécessite de mettre l'ensemble des acteurs autour de la table afin de stabiliser un lieu et apporter des solutions durables.